lundi 26 novembre 2012

Coup de blues dans une Shoe Box

Encore une boîte à chaussures ou un inventaire à la Prévert ;

Une photo d'Anne notre modèle dans le cours de Jacques.
Un sachet de sable de Pitcairn.
Une taupe empaillée.
Le carnet de bord du grand père en 14.
Une boussole.
Un bout de craie grasse orange.
Des jetons d'ivoire jauni.
Une carte de vœux du Japon.
3 grains de riz.
1 chapelet musulman.
Une photo du Kenya.
Un ferrotype.
Un vieux carnet d'encre de chine.
Erwan à Honfleur.
Une lettre d'injures.
Une lettre de démission.
Une lettre en bois.
Une photo du cours de Jean sous les combles.
Une feuille de ginkgo.
Des boutons de manchette.
Une grande arrête de perche du Nil.
La Voix du Nord du 19 juin 1970.
Ma bd de Tintin en chinois.
et un texte écrit par mon fils pour mon anniversaire :



je le trouve beau et vous le livre ici.

Ode à Dad

Du dos des dunes tard et tôt
Sur la côte d'où j'ai vu pour la première fois la mer,
trace en crissant sur le quartz fatigué,
La marche nécessaire du mollet dru.
Regardant le ciel, regardant la terre,
Et soufflant dans les vents contraires,
Barbe dessus, puis en dessous,
Pantalon serré au plus près du genou.
Un bois depuis longtemps perdu,
Travaillé par le temps et blanchi par la vague,
Cadavre de petit rongeur trouvant sa place dans la composition,
La paraffine liquide coulera lentement le long du pinceau.

La même mouette passe et crie au-dessus du jardin,
Où  s'affaire la pince précise sur l'écorce reconnaissante,
L'étendue herbeuse née du ciment acide,
Les perles de sueur d'un enfant blond sous le soleil,
Goutte à goutte d'un ingénieux système d'irrigation,
La mousse brune qui laisse apparaître les sujets hilares,
La branche bien vivante regarde les nuages,
Le mouvement complexe au doux nom japonais.
L'ombre passe et taille la forme en devenir,
Un chat se retourne après un battement d'aile,
L'épeire dérangée tremble au centre de sa symétrie,
Et les copeaux de liège révèlent une crotte passée sous silence.

L'écho du clic résonne jusqu'au centre de la pièce,
Outil discret du sculpteur d'images,
Plusieurs fois passées sous le filtre et la coupe,
Pour refaire, réduire, revoir et nettoyer.
Le monde est court, entre les matières et les grains,
Une image du désert, le pont d'une grande ville,
Un motif précis comme le détail d'une eau gelée,
La garde-robe improbable d'une nature africaine.
et du fond du dimanche, une sonnerie retentit,
L'enfant blond vers son père, après toutes ces années,
"Maintenant je roule, sur l'or des pavés détrempés,
Un peu plus haut que la foule, fier de ce que tu m'as donné"





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