lundi 21 octobre 2013

COUP DE GUEULE ou "Plus cancéreux que moi, tumeur"

Lettre de mon ami

J'aurais préféré t'apprendre des nouvelles de ma santé directement, mais puisque je n'ai su tenir ma langue tu en as été informé par L...
Dimanche matin, je ne pouvais quand même pas te l'annoncer lors de la présentation de ton expo et nous n'avons pu te joindre avant !
Rassure-toi, si "l'annonce faite à D..." fut assez dure à avaler, les nouvelles ne sont pas aussi catastrophiques qu'il y parait, je vais à ta demande, établir un petit récapitulatif mes dernières aventures (en date !). Sans rien déformer, sans exagération (çà n'en a pas besoin!)

Peu de temps après mon opération, alors que j'étais encore hospitalisé, j'avais demandé au chirurgien un avis de clinicien sur la thyroïde qu'il venait de m'enlever. 
On pouvait, en effet, supposer un cancer puisque le doublement de la taille des "nodules" en un an pouvait laisser à penser que cancer il y avait...
Sans donner un avis définitif (il faut attendre l'anapath pour en être sûr m'avait-il dit) il m'avait rassuré en indiquant qu'à son avis point de cancer.
Pas sûr donc, mais encourageant...

Vendredi 11 octobre soit, à une journée près, un mois après mon opération je rentrais chez moi pas trop mécontent de ma matinée (j'étais allé prendre des nouvelles de mes collègues de bureau et j'avais donc un peu aidé quelques heures).
Le facteur, pour une fois passé tôt, avait laissé des traces de son passage: une lettre à en-tête du centre Oscar Lambret.


Pensant à une nouvelle quête de don, j'ai failli jeter le courrier, ben oui, je ne connais pas Oscar Lambret (sauf de nom) je n'y ai jamais mis les pieds, bref, j'allais jeter...


J'ouvre. ah...chouette, une invitation à un petit déjeuner le 15 novembre, assorti pour moi, d'une prise de sang et d'une gelule d'iode 131, comme il semble évident que je vais adorer, ils me donnent déjà rendez-vous pour un autre petit déjeuner le 19 novembre pour une scintigraphie et une consultation...

Bref, si je mets dans l'ordre, on est en train de m'annoncer que j'ai un cancer (ou que "j'ai eu un cancer" s'il était circonscrit à ma thyroïde) et sans aucune autre forme de communication de me fixer rendez-vous pour les soins.
Inutile de te dire que je me suis assis (de plus ma femme n'était pas là, elle déjeunait avec les V.. et quelques personnes du Musée avec qui elle dépoussiérait des œuvres de Huguet).

Abattement.

Puis, récapitulation des messages précédents, déroulé de mes dernières aventures...Ca y est, je crois que cette fois, le crabe est là !
Je déplore et peste contre les administratifs d'Oscar Lambret...



Ben oui, quoi, merde, ils auraient pu envoyer les résultats de l'anapath à un toubib qui me l'aurait annoncé !
Ca change rien sur le fond mais légèrement la perspective sur le problème...

Bon week-end D... ! (genre "Joyeux Noël Félix" du "Père Noël est une ordure")

Lundi soir, rendez-vous étant programmé chez le chirurgien, nous allons à Boulogne, ma femme et moi.
J'attends mon tour, puis passablement énervé après près de 3/4 d'heure d'attente, quand mon tour arrive et qu'il me demande naïvement comment je vais, j'explique la situation en insistant sur les méthodes d'Oscar Lambret, manquant totalement d'humanité et lui demandant si de son côté il est au courant.
Stupeur:
- Oui, je suis au courant, c'est moi qui ai demandé ce rendez-vous, pour gagner du temps, je n'ai pas attendu notre rendez-vous, je me suis dit qu'il ne s'écoulerait au plus qu'un week-end avant notre rendez-vous. J'ai préféré agir ainsi comme çà nous gagnons quelques jours.
- Oui, enfin, l'apprendre comme çà....
- Oui, je me suis dit que vous auriez oublié d'ici un mois ou deux le traumatisme de l'annonce.
- Ah....Eh bien, je suis pas sûr...
- Il n'y avait que 3 petits carcinomes et autant ne pas attendre. Nous avons eu une concertation pluridisciplinaire sur votre cas jeudi (!). Eh oui, l'administration nous oblige à ce genre de réunion, bien quelle ne serve à rien, dans ce cas précis, l'Iode 131, il n'y a que çà à faire. D'ailleurs, j'ai aussi un petit livret de suivi à vous remettre, ce livret vous accompagnera tout au long de votre parcours médical.
- Ah, mais vous auriez pu avancer notre rendez-vous ou me téléphoner, le choc aurait été moins rude!
- Oui, mais il ne fallait pas perdre de temps, vous avez vu, le rendez-vous n'est que dans un mois.
- Oui, je sais.
- Vous savez, c'est important pour nous ce genre de pathologie, l'administration exige que nous traitions un minimum de 500 cas par an à la clinique sinon, ils nous enlèvent l'agrément. D'ailleurs la clinique de Calais l'a perdu et aussi celle de Saint Omer.
- Euh oui, je vois, je suis content que çà serve au moins à çà, mais n'empêche, un courrier pour vous apprendre ce genre de chose sans accompagnement, sans explication, sans interlocuteur....
- Ah, eh bien, regardez, sur le livret que je vais vous remettre (contre décharge) il y a les coordonnées d'un psychologue si jamais vous en aviez besoin.
- Mais, vous avez lu, ils me font stopper mon traitement de Lévothyrox dès maintenant, soit un mois avant...Je vais me taper une méchante Hypo-thyroïdie, non?
- Ah, ils demandent çà ? (il avait pas vu sur le courrier!) Oh, je pense que ce n'était pas indispensable.
- J'ai un peu fouillé sur internet (ben oui, je n'avais que çà comme source d'information) et j'ai lu que le Pr Peix spécialiste du cancer de la thyroïde considérait ses pratiques comme dépassées et qu'il existait dorénavant un nouveau médicament, la TSH recombinante humaine ou rhTSH qui évite toute hypothyroïdie et donc les troubles liés, fatigue et abattement...(là je lui montre l'article)
Après lecture
- Oui, en effet, eh bien je vais les appeler pour savoir si c'est vraiment indispensable (putain, il sait même pas !)
Il nous laisse, le temps d'aller chercher un téléphone, compose le numéro
- Cà ne répond pas (tu parles, il est près de 18:45)...Bon, eh bien vous allez les appeler demain ou plutôt mercredi et vous leur dites que nous avons évoqué cette hypothyroïdie et vous demandez s'il est possible de ne pas stopper les médicaments. Tenez-moi au courant, je serai là mercredi.
- Au fait, en ce qui concerne les précautions à prendre après la prise de la gélule il ne faut pas que je m'approche à moins d'un mètre de mes proches et moins de 3 heures par jour...Je rentre à pied ou j'achète un bus pour être à bonne distance de mon épouse?
- Oui, oh... ce n'est pas si important, vous savez...
- Ah bon...Vous me rassurez !!!

Voilà à peu près mot pour mot notre conversation, nous sommes restés silencieux, ma femme et moi sur la route du retour...

Paraît que dans un mois, on en rira !
Le connard, tu vas voir, moi, je vais lui téléphoner en disant qu'il y a eu une prise d'otage dans l'école de son gamin et que le môme et sa mère sont sous la menace d'un révolver, je vais le laisser mariner 3 jours, puis, je lui dirais que c'est passé, que d'ici un mois ou deux il aura oublié le stress...

Bises mon copain,

D...

PS: s'il y a des fautes d'orthographe tu me pardonneras, je ne relis pas, c'est fou comme c'est long d'écrire un mail et il me reste la vaisselle que j'ai promis de faire !





samedi 19 octobre 2013

En paraphrasant Magritte ; CECI N'EST PAS UNE OEUVRE D'ART !


À l'heure actuelle, une énorme quantité d'eau hautement radioactive s'échappe dans l'océan Pacifique sur les ruines de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon détruite. Ce qui s'est passé sur toute la journée, tous les jours pendant plus de deux ans. Les énormes quantités de tritium, le césium et le strontium qui sont libérés sont menées par des courants vent, la pluie et l'océan partout dans l'hémisphère nord. Et bien sûr la côte ouest des Etats-Unis est particulièrement touchée. Lorsque vous buvez de l'eau ou manger des fruits de mer qui a été contaminé par ces particules radioactives, ils peuvent rester pour un temps très long. Au cours des années à venir, cette catastrophe en cours pourrait potentiellement affecter la santé des millions et des millions de personnes vivant dans l'hémisphère nord, et le plus triste est que beaucoup de ces gens ne le saura jamais, même la vraie cause de leurs problèmes de santé.


mercredi 16 octobre 2013

Enfin l'Art s'emballe ou comment payer 210 000 euros pour de l'art à 100 balles

Tradition "artistique fonctionnelle"
de l'emballage

Emballage traditionnel



Man Ray le premier artiste "Emballeur"


"L'Enigme d'Isidore Ducasse" Tate Modern

L'Enigme d'Isidore Ducasse, œuvre crée par Man Ray en 1920 se compose d'une machine à coudre, enveloppée dans une couverture et attachée avec de la ficelle.

L'idée de Man Ray d'utiliser une machine à coudre a été inspiré par une citation de l'écrivain Isidore Ducasse (1809-1887), mieux connu comme le Comte de Lautréamont : 

«Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection, d'une machine à coudre linge et d'un parapluie ». 

C'était une phrase qui a été très appréciée par les artistes proches du mouvement Dada et amis de Man Ray artistes qui formeront plus tard de groupe des surréalistes. 
Ils l'ont vu comme paradigmatique d'un nouveau type d'imagerie surprenante, ainsi que remplie de symboles sexuels déguisés ...



Joseph Beuys 1966

Joseph Beuys utilise également l'emballage dans ses créations.
Infiltration homogène pour piano à queue (1966) matérialise autant une impossibilité acoustique  - il est impossible d’en jouer !-  qu’une métamorphose de l’objet (animale ou minérale) par l’enveloppe qui l’habille. Le corps de bois noir et lisse de l’instrument est recouvert d’une peau de feutre grise qui dénature sa fonction autant que son apparence. L’enveloppe grise produit visuellement l’effet d’un pachyderme bancal (trois pieds) ou encore rappelle la structure architectonique d’un dolmen de granit.




Projet d'emballage du cap Blanc Nez
avant de le défigurer par un "sentier de randonnée"
pour marcheuses à hauts talons




Premier projet hyper classique concernant notre
bon couple présidentiel. D'une facture très scolaire,
 et "photographique" ce projet fut heureusement abandonné au profit de la réalisation ci-dessous, œuvre du jeune Marcel Raja artiste contemporain,
et grand adepte de l'emballage.


Le couple présidentiel réalisé en résine, mousse de polyuréthane, et bandes adhésives attend la mis en place du gazon, dernière phase de rénovation de la Place d'Armes.
 Le parti pris de l'artiste de bander les yeux des deux personnages
est significatif de la vision historique du couple présidentiel.
Charles de Gaulle n'a-t-il pas dit :
 " Un pays qui produit plus de 365 sortes de fromages ne peut pas perdre la guerre !" 
Allusion faite à la règion de Normandie à grande rèputation fromagère et choisie pour le dèbarquement des Alliès au Mois de Juin 1944
Par contre Le Général ne fit aucune allusion, après son mariage, à la ville Calais pourtant grand centre de production de biscuits de guerre à l'époque.

samedi 5 octobre 2013

Exposition Jacques Declercq Aire sur la Lys

















Enfant unique, j'ai dessiné pour occuper ma solitude.  Encore aujourd'hui il m'est impossible de réaliser sans concevoir par le dessin, et j'ai toujours le sentiment d'atteindre à une dimension mystérieuse de moi-même au premier trait sur la feuille blanche.
Je me souviens d'émotions qui remontent à mon enfance devant les graffitis creusés dans le plâtre, j'ai retrouvé des souvenirs plus tard devant les tableaux de Jean Dubuffet. J'ai eu ma première émotion esthétique devant une carte postale en couleur, elle représentait une main, l'index tendu qui occupait toute l'image. J'ai su après qu'il s'agissait d'un détail de la chapelle Sixtine peint par Michel Ange ; j'ai ressenti ce qu'était la qualité plastique.
Jeune étudiant, Cézanne m'a éclairé dans la remise en question de l'espace pictural, le cubisme m'a préparé à l'abstraction, plus tard j'ai éprouvé de l'intérêt pour des artistes comme Pierre Courtin en rupture avec la gravure traditionnelle, Raoul Ubac, Etienne Hajdu, le mouvement Support-surface. Des artistes qui ont eu des rapports étroits avec la matière.
Peut-être qu'à notre époque hyper technologique, où s'impose le virtuel, il est rassurant de trouver des îlots de résistance où l'on s'attache à préserver une dimension humaine négligée, la sensualité.
Je donne et je reçois, je suis dans l'échange. Je donne des explications qui m'obligent à clarifier ma démarche, à en trouver le sens et la cohérence, quand je ressens une adhésion à ma démarche, je me considère bien payé.


Mon atelier se situe sur deux niveaux :
 Au premier près du sol c'est un lieu sombre, monacal fermé au contingences du monde mais ouvert sur l'imaginaire, un lieu propice à la vacuité de l'esprit mais encombré d'outils de presses à produire l'osmose entre le papier que je fabrique et la planche que je creuse, c'est le lieu où sont pendus comme des amulettes des bois travaillés et rejetés par la mer, des talismans qui suscitent l'émulation et l'envie de refaire.


Le second niveau est réservé à l'épreuve de la clarté, c'est la lumière qui va révéler, exalter les effet de l'étreinte sous la presse de deux matières destinées à se rencontrer. C'est le lieu du jugement, de la compassion et des choix, c'est le lieu de l'offrande à voir et à toucher. C'est sans doute un lieu envié, une espèce de refuge à cultiver la passion, où les craintes sont souhaitées et les efforts consentis.


Je suis moins le graveur qui cherche dans sa pratique à multiplier une image que celui qui creuse pour trouver, pour s'inscrire durablement dans la matière et y laisser un témoignage de vie.
Le mot artiste me semble réservé et place dans une situation d'isolement, je préfère être désigné comme pratiquant d'un art de vivre.


Enseignant d'école d'art, je n'ai jamais cherché à vivre de ma pratique, je l'ai toujours ressenti comme une nécessité intérieur, une raison de vivre.
A 83 ans l'imagination et les projets me font vivre, l'art me porte à entreprendre et me donne le sentiment de m'accomplir.
La cohérence de mon travail me donne la sensation de complétude, c'est en assumant toutes les phases de la réalisation, depuis la mise au jour du papier jusqu'à l'épreuve sous presse, c'est le cheminement sans rupture du concepteur au réalisateur qui me procure ce sentiment.
La déception est inhérente à la recherche, elle entraine à recommencer, il faut passer par des phases de doute et de découragement pour connaître les joies souvent brèves que procurent les réussites.
Jacques Declercq